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vue de la charente
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  • 2008
26 mai 2008

histoire de patois

pratiquent quotidiennement même s'ils avouent être très en deçà des subtilités de leurs aînés. Ceux qui sont issus du monde rural le comprennent, même s'ils butent parfois sur certains mots de vocabulaire. Plus "sec" sur la côte, plus "roulé" dans les terres, notre parlange, condamné à mort il y a plus de deux siècles, perdure au delà de toutes espérances. Il est notre trait d'union et reste le ciment culturel fondamental de notre vieille province.

Les spécialistes ont encore de belles années de recherche devant eux pour savoir comment s’est élaboré le dialecte saintongeais. A la croisée de la langue d'Oc (au sud) et de la langue d'Oïl (au nord), plus "oil " que "oc" , les saintongeais ont pioche tous azimuts pour construire leur langage dont, bien souvent, les expressions diffèrent d'un lieu à un autre. Dans le Celte d'abord (le gaulois a été parlé jusqu'au sème siècle dans nos régions) avec LE PATOIS des mots comme la combe (vallée sèche), la groie (terrain caillouteux), la varenne (terrain d'alluvions), la chaume (terrain nu), le dail (la faux). Dans le latin ensuite, même si les légionnaires romains ne parlaient pas forcément le latin académique. L'arentelle (toile d’araignée) est l'araneae tela des Romains. Le mot popion est plus proche de latin populus que du français peuplier et quand quelqu’un dit: jhe te zou thyitte (je te le laisse), il fait référence sans le savoir au latin quittare : laisser en paix.

Le français, du latin de cuisine.

Mais les saintongeais ont puisé aussi dans le vieux français. Ainsi arondèle pour hirondelle (vieux français : aronde) ; le bâlin (le drap) qui vient de bâline, le matelas fait de balles : le verbe chèire qui fait référence à choir et qui n'est quasiment plus utilise pour dire: tomber. Egrafigner (égratigner) renvoie au vieux français grafe et éveurdin (impatience, caprice) à esvertin. Même chose pour ébesiller (mettre à mal), du vieux français : debesiller ; nousille (la noisette) qui vient de nosille ; ringher pour ruminer (ancien français : rungier) ; teurtous qui veut dire ensemble (de trestout). Quand à l'élouèse (l’éclair qui est resté du genre féminin dans le pays), elle est tout simplement celle de Montaigne qui écrivait : "notre vie n'est qu'une éloise dans la nuit éternelle"... La liste est évidemment longue. Si l'on sait que dans le cadre des activités commerciales, des mots étrangers à la région ont été introduits tels : la gnôle (eau-de-vie) qui nous viendrait du Lyonnais, la bistouille (mauvaise eau-de-vie) qui serait descendue directement de Flandre, ou le verbe bazir (mourir), un mot argotique de Bourgogne. et si l'on a recense dans nos mots des origines germaniques telles : ajhasse (la pie : germ. agaz) ou bughée (la lessive . germ. Bukon), les spécialistes assurent que la langue anglaise n'a pas marqué notre patois malgré la longue occupation du Xlle au XVe siècle. Certes, on raconte aisément dans nos contrées que le mot quichenotte (coiffure des femmes pour se protéger du soleil), viendrait de kiss not (ne m'embrassez pas), mais la quichenotte ne serait rien d'autre que la coiffure des faneuses et trouverait son sens étymologique dans les mots cuchon ou quichon, issus des patois du Centre et du Midi pour dire : tas de foin.

Pas d'influence anglaise dans notre patois.

Ainsi, pas d'anglais dans notre patois, mais plutôt notre patois dans la langue anglaise. pour la bonne raison, qu'à l’époque, ce n'était pas l'anglais qui était pratique à la cour d'Angleterre mais le français. Raymond Doussinet, notre spécialiste linguistique en rapporte de nombreux exemples. Quand une femme se deurse coum une princèze, elle ne se redresse pas fièrement mais s'habille avec élégance. Ne dit-on pas en anglais : to dress pour s'habiller ? De même, quand on dit : je ne vous l'acertainerai pas, les Anglais ne disent-ils pas to acertain pour traduire le verbe affirmer ? Nous aurions donc exporté notre parler tels : le bacon, lard salé ici depuis très longtemps ; la boughette, petit sac de cuir dans lequel on mettait ses sous pour la fouère ( son argent pour la foire) et qui aurait donné en anglais : le budget ; ou encore estoper nos chausses (arrêter les trous des chaussettes et s'apprêter à repriser) qui aurait donné le verbe : stopper. Nous savions que notre vocabulaire et nos intonations se retrouvaient au Québec, par le biais de la colonisation de Samuel de Champlain issu de Brouage ou que certaines de nos expressions s'entendaient du côté de l'île de la Réunion. Mais de là à imaginer avoir inspiré le parler de la Grande Angleterre l Une seule chose est certaine. S'il est de mode aujourd'hui de glisser des mots anglais dans la conversation, ce phénomène n'a aucune prise dans la région. Essayez donc de faire prononcer le verbe : to want ou le mot : week end à un "boisillé" (saintongeais des terres) ou à un "cul salé" (saintongeais des bords de mers) bien imprégné de l'accent du pays. Vous le verrez se tordre les ballots (les lèvres) et articuler des "ouante" ou des "vickinde" désopilants. La sonorité anglo-saxonne exprimée par la lettre w est ici impossible, car trop éloignée de notre phonétique naturelle.

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